dimanche 31 janvier 2010

Elargir

Large, large comme on ouvre les bras, l’espace du cœur. Rester dans le vivant, lui faire confiance, faire confiance à la magie du vivant, ce qui respire, sort de terre, ploie sous la pluie, la grêle et se redresse ensuite. Tout ce qui pousse comme il peut même de travers, même à l’envers avec ce qu’il a.

samedi 30 janvier 2010

Maintenir

Maintenir se maintenir dans une grande ouverture. On ne peut rien faire d’autre. Accélérer le mouvement est impossible. On ne sait pas vers quoi on va tellement en profondeur c’est. L’écrire on peut tout juste et les gestes importants les gestes qui accompagnent, on ne les voit qu’après et pendant tout ce temps on reste au milieu des bégaiements de ce qui se termine et les élans désordonnés de ce qui arrive sans trop bien savoir.

lundi 25 janvier 2010

lire la poésie

Quand je lis de la poésie, je sens bien que je ne peux pas tricher. 
Il me faut une totale disponibilité intérieure. Je vois bien parfois que lorsque je passe à côté d’un livre, ne ressens rien à sa lecture et serait bien en mal d'en dire quelques chose, c’est à cause du manque de cette disponibilité intérieure bien plus qu’à cause de l’écriture de l’auteur.
Alors qu’un roman je peux tout à fait penser à autre chose ou en tout cas continuer à laisser murmurer en moi tous les penser à, il faudrait que et ne pas oublier de. Je peux lire un roman avec à l’esprit ce que je viens de faire et ce que je vais faire. Pas tous mais un certain nombre.
La poésie, non.

dimanche 24 janvier 2010

Terminer

Laisser se terminer ce qui se termine n’a plus qu’à se terminer. Ne pas retenir dans le mouvement même du vivant laisser le changement s’opérer à son rythme et parfois c’est lent ça remue en profondeur sans à-coups. Même pas de regrets on constate juste : les choses les lieux et même des gens ne nous parlent plus comme avant. Accepter ne pas retenir se préparer à accueillir l’à venir.

derrière la fenêtre#2

mardi 19 janvier 2010

samedi 16 janvier 2010

Dialogue

voix 1 :
Qu'avez-vous fait de notre monde ?
Vous avez eu quelques rêves. Vous vous êtes un peu agités (les pavés et tout, on sait) et maintenant vous laissez faire. Vous laissez serrer les vis de tous les côtés quand ce n'est pas vous même qui le faite. Vous serrez les vis à vos enfants, à vos petit-enfants pour tenter faire changer les comportements, ces mêmes comportements dont vous avez largement abusé sans trop vous poser de questions. Vous n'avez plus que les mots taxe, économie, crise, chômage, écologie. Vous nous faites payer, et cher, vos propres erreurs.


voix 2 :
Et vous ? Qu'avez-vous fait pour notre monde ?
Avez-vous un seul instant prêté attention à nos rêves ?
Vous y êtes vous intéressé ?
Avez-vous cherché à savoir, au delà de quelques formules de barricades, ce qui nous animait et ce que nous avons obtenu ?
Cette liberté dont vous jouissez aujourd'hui comme des gamins à qui tout est dû, vous croyez qu'elle vient d'où ?
Avez-vous pris le relai, saisi les drapeaux que nous avons laissés tomber ?
Avez-vous parlé, discuté, débattu avec nous ? Entre vous ?
Non, rien de tout ça. Jamais.
Vous aviez le nez dans vos études. Réussir, avoir un travail, une bonne situation, votre petit avenir professionnel, voilà ce qui vous importait. Le maximum de confort au quotidien, plus d'argent, plus d'heures de cours, plus de sécurité, de garanties, voilà tout ce pour quoi éventuellement vous pouviez descendre dans la rue.
Bien sûr, nous n'allions pas reprocher à nos enfants de réussir leurs études et de s'occuper de leur avenir. Faut pas non plus exagérer. Mais ce que vous n'avez pas su voir, pauvre gamin décervelé, c'est que si vous nous aviez dit : tout ça on s'en fout. C'est autre chose qu'on veut. Peut-être oui, c'est même certain, on y serait allé avec vous. On aurait repris nos combats. Mais vous ne l'avez pas fait.
Prendre des risques, c'était pas votre truc. On l'a vite compris.


voix 1
Et vous avez arrêté de lutter, vous cachant derrière nous : à nos enfants de reprendre la lutte pendant qu'on va songer à s'installer un peu. Et vous avez consommé, consommé, consommé avec frénésie pour rattraper quoi ? pour oublier quoi ? Comme si on abandonnait une lutte comme ça, comme si lutter était une affaire de jeunesse.
Le soir, à table, êtes-vous allés contre les discours de peur dans lesquels nous baignions au quotidien : la crise, le chômage, le sida... il fallait faire attention à tout et vous ne perdiez pas une occasion de nous le rappeler. Nous n'avions pas votre chance, le plein emploi, les trente glorieuses, etc... Vous nous reprochez de ne pas prendre de risques, mais qui nous a élevé dans la peur de tout ? Vous nous reprochez de ne pas vouloir changer le monde, mais qui en a fait ce qu'il est aujourd'hui : cette chose complexe et inhumaine où l'économie est devenue une loi naturelle devant laquelle se plie les hommes, tous les hommes, pour l'intérêt de quelques-uns. Alors quand nous cherchons à échapper au monde plutôt qu'à le changer, c'est bien davantage un cri d'impuissance et de désespoir qu'il faut entendre. Quand nous cherchons localement, individuellement à inventer autre chose loin des beaux discours d'intention, au lieu de ricaner, comprenez plutôt que nous n'avons plus confiance en aucun discours qu'il soit politique, économique, écologique ou tout ce qu'on voudra car il y a une chose que nous avons compris : c'est que cette époque n'a aucune tenue dans les mots et que les politiques, les journalistes, les administratifs, les responsables de tout bord fabriquent avec leur discours un monde dans lequel ils croient vivre mais qui n'est pas le nôtre.


(à suivre)